DATE
LIEU
25 Rue Sala, Lyon, 69002
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Vertiges des amours adolescentes – ARGUMENT

Les transformations manifestes du pubertaire amènent un moment particulier du développement physique et psychique. Le corps qui change peut devenir un objet inconnu comme étranger pour le sujet qui remet en cause son identité, avec ses modifications visibles au dehors, qui bouleversent au-dedans son espace intime.
Le deuil du « corps d’avant », celui de l’enfance, qui appelait protection et soutien est nécessaire à l’irruption d’une sexualité nouvelle qui oriente le cours pulsionnel vers d’autres objets que les figures œdipiennes aimées.
Toutefois, le corps nubile engendre parfois un trouble profond, voire un refus des capacités nouvelles qu’il peut offrir, source de plaisirs jusque-là ignorés, mais aussi d’angoisses secrètes.
Il n’est pas rare alors, que les adolescents deviennent leur propre agresseur et maltraitent cette apparence d’eux-mêmes qu’ils rejettent. Les symptômes seront dirigés contre ce corps qu’ils dénient comme le leur : automutilations, anorexie, addictions diverses, voire tentatives de suicide.
La mentalité de groupe appuyée par les réseaux sociaux peut alors avoir un effet mortifère.
Il s’agirait d’éviter le travail psychique d’intériorisation et d’évacuer la souffrance causée par la perte et l’angoisse de castration inhérentes à la condition humaine.
Au premier plan s’exhibe l’apparence, une façade visible par le plus grand nombre de pairs, au détriment de la construction de l’intimité.
Les interdits protecteurs d’un Surmoi tempéré sont alors balayés au profit d’un recours à l’omnipotence infantile, faisant fi de la réalité concrète de l’environnement.
De plus, c’est dans un contexte inquiétant et des menaces nouvelles, (catastrophes climatiques, désordres politiques, conflits armés) que le psychanalyste peut être amené aujourd’hui à recevoir des adolescents perdus, alors même qu’il est difficile de pouvoir imaginer un futur optimiste.
Notre métier est encore plus « impossible » que du temps de S. Freud.
Disqualifié, déconsidéré, voire calomnié, le psychanalyste doit s’adapter aux conditions nouvelles de sa profession. Il doit s’efforcer de continuer à « making the best of a bad job » selon la formule de W.Bion.
Pour cela, en s’attachant à l’écoute des processus inconscients, il peut encore proposer un espace psychique vivant à ces jeunes patients qui viendront le rencontrer, restaurer leur intimité et partager avec eux l’espoir d’une rencontre authentique.
Ce but, d’apparence modeste, constitue néanmoins un changement radical de perspective au regard de l’inflation du visible et de l’artificiel dans notre époque actuelle.
Florence Guignard et Claire Ibba.