DATE
LIEU
Zeughausgasse 9, Berne, 3011
Argument
Il arrive qu’un psychanalyste se penche sur les souffrances d’un compositeur ou d’un musicien. A commencer par Freud qui, en dépit de son insensibilité avouée à la musique, interpréta en 1910 celles de Gustave Mahler lors d’une promenade à Leyde aux Pays-Bas. La psychanalyse a certes pu libérer plus d’un musicien de ses troubles psychiques mais dans quelle mesure la musique peut-elle en retour informer la psychanalyse? Ces deux domaines a priori étrangers l’un à l’autre ont pourtant en commun l’immatérialité du jeu et l’élasticité du temps délimité par un début et une fin, que ce soit des sons en musique ou du setting en analyse. Au-delà d’autres éléments qui font pont entre ces deux disciplines, comme le rythme, l’écoute, l’interprétation ou le silence, il existe une tension créative qui sous-tend un discours fait de notes ou de mots tout en ménageant un accès sensible au corps ému qui les origine. Est-ce que la musique pourrait inspirer l’analyste à entendre la musicalité de ses analysants, quand bien même assourdie par des mécanismes défensifs?
On devine que sous le pont qui relie musique et psychanalyse, c’est l’affect qui coule. Ce sont souvent les émotions qui occasionnent des turbulences et dictent le tempo. Certes, l’émotion ne recèle pas toute la vérité mais elle en est un indice précieux. Du chant populaire aux livrets d’opéra, en passant par les psaumes et les hymnes nationaux, les genres musicaux sont proches à la fois ducorps dansant et de la parole porteuse de sens. « Il faut sentir avec ta tête et calculer avec ton cœur » disait Nadia Boulanger au jeune pianiste Daniel Barenboem. Ces dernières décennies, la psychanalyse qui est une cure de parole a avantageusement évolué vers une prise en compte accrue du corps au vu de la clinique de l’agir et de l’expressivité enfantine. A l’évidence, tout ne se laisse pas transférer dans la langue parlée. Serait-ce ces restes qui nous tarabustent comme une fausse note?
Pour penser la musique dans la cure, ne convient-il pas de porter son attention sur la voix, tendre l’oreille pour capter la qualité du silence, s’étonner d’une intonation qui dit le contraire du signifié ou d’un bruit écho du corps? Il s’agirait d’être à l’affût d’une humeur qui nous gagne, d’une anxiété ou d’une crispation de l’esprit que le discours articulé prétendrait masquer. Quand Bion parlait d’une « vision binoculaire », il préconisait une écoute bi-auriculaire, celles certes de l’individuel et du groupal, mais aussi celle d’une oreille pour le sens conscient et l’autre pour les sons du préconscient. L’association libre sillonne à travers des paysages visuels et sonores, allant de mots en mots, d’images en images et du dire au souvenir, souvent par résonance émotionnelle, laissant à l’analyste le soin d’en préciser la nature affective avant de déboucher sur une scène possiblement traumatique.
L’expression musicale prend généralement source dans une tradition orale ou une composition écrite avant que l’interprète ne la serve ou s’en empare et qu’elle soit finalement restituée à une écoute privée ou publique. Du côté de l’analyste, il n’en va pas autrement quant à sa formation, ses maîtres ou ses modèles, son écoute et ses interprétations. La grande différence en revanche tient au huis-clos de sa pratique, à la stricte confidentialité de la cure alors que la musique a vocation d’être largement partagée. Et pourtant, la thérapeutique soutient la comparaison avec la musique, en improvisation notamment. À l’instar du soliste et du choeur dans le répons chrétien, de la musique traditionnelle indienne ou d’une jam session, une ligne mélodique se dessine entre transfert et contre-transfert, au risque de produire des dissonances mais à une cadence convenue d’avance.
À se demander si la musique et la vie psychique ne sont pas cousines par leur origine?
Berdj Papazian
Pour le Comité de transition, SSPsa
Prix :
Samedi et dimanche: 130 CHF
Samedi: 80 CHF
Dimanche: 70 CHF
Etudiant (avec carte de légitimation) Samedi et Dimanche : 50 CHF
Etudiant (avec carte de légitimation) Samedi ou Dimanche : 30 CHF
Inscription* : Avec le formulaire sur le site-web de la SSPsa:
https://www.psychoanalyse.ch ou par mail à admin@psychoanalyse.ch.
Une facture sera envoyée par mail par la SSPsa qui fera office de confirmation d’inscription.
* L’inscription est obligatoire pour des raisons de planification.
Dernier délai pour l’inscription: le 31.08.2025.