Les expressions symptomatiques de l’hystérie (atteintes motrices et sensorielles labiles, amnésies, perturbations affectives) sont invariantes. Toutefois, toujours interprétées à partir de paradigmes culturels dominants, leur signification est mouvante. La psychanalyse fait ici exception car c’est la seule discipline scientifique dont la clinique de l’hystérie est le paradigme fondateur, le rêve étant un équivalent d’accès hystérique (Freud, 1900a). De même, la pulsion, concept-limite entre le psychique et le somatique est construite à partir de la conversion. Les tentatives de contournement du paradigme hystérique ont conduit à des impasses cliniques. Ainsi, non seulement, les conceptions de l’hystérie de Jacques Lacan sont inspirées par le pithiatisme de Babinski mais sa pratique de la scansion est une forme de « contre-suggestion » prônée par ce dernier. Plus récemment, Christopher Bollas a souligné que la méconnaissance de l’hystérie avec sa confusion avec un état-limite était une « forme de tragédie » (2000). En dehors de la psychanalyse, la psychiatrie athéorique, postulant le caractère objectif des symptômes significatifs retenus, ne tire sa cohérence que de l’exclusion de l’hystérie de sa clinique, ce qui conduit à une croissance vertigineuse des diagnostics de « symptômes médicaux inexpliqués » et de répercussions sociales sans cesse plus négatives pour des patients qui n’ont pas été entendus. Plusieurs histoires cliniques expliciteront mon propos.