Société Psychanalytique de Paris

Quelles extensions connaît la pratique psychanalytique ?

La dimension thérapeutique du processus analytique ne représente qu’un aspect de sa finalité, plus large. Il n’en demeure pas moins que, lorsqu’elle est bien indiquée, la cure constitue le traitement psychanalytique le plus efficace, et que la situation analytique au sens strict, doit être mise en place chaque fois que cela apparaît opportun et possible. Elle ne concerne cependant qu’un pourcentage limité des patients qui cherchent de l’aide dans le champ analytique. Comment se présente le problème de l’extension de la psychanalyse, des indications des divers traitements psychanalytiques ?

  • Il faut d’abord relever que l’approfondissement de l’expérience a permis d’élargir sensiblement les possibilités de mise en œuvre de la cure avec des chances suffisantes de succès. Ces cures exigent certains aménagements techniques et requièrent une compétence particulière de l’analyste.
  • L’extension la plus connue et la plus commune de la pratique analytique est celle des thérapies analytiques, qui se déroulent dans un cadre régulier, habituellement en face à face et avec des séances moins fréquentes (une à deux par semaine).
    Leur conduite technique est très diverse, délicate dans la mesure où l’analyste, comme toujours, doit s’adapter à l’économie psychique de son patient sans disposer des mêmes repères de continuité que dans le cadre de la cure. Cependant, dans beaucoup de cas, l’analyste parvient à mener ces traitements de telle sorte que leur processus s’écarte le moins possible d’un processus analytique. Au pôle opposé, il arrive qu’il faille prendre en compte des perspectives hétérogènes (par exemple : l’adjonction d’une chimiothérapie) dont l’articulation avec le travail analytique est complexe.
    Le choix du cadre psychothérapique a pu être dicté par l’évaluation de la rencontre, parfois par le refus par le patient du cadre de la cure.
    La crise actuelle et la situation de bien des demandeurs font que, bien souvent, ce choix relève d’un compromis entre un projet d’analyse et les possibilités pratiques. Cependant, ce n’est pas une décision légère que de renoncer au cadre analytique.
  • L’extension de leur pratique a amené les analystes à intervenir dans des circonstances, et sous des formes qui s’éloignent beaucoup des traitements institués qui viennent d’être évoqués.
    Ces interventions peuvent prendre la forme de consultations thérapeutiques, plus ou moins espacées, ou de traitements à durée délimitée, plus ou moins brefs, etc. Ce qui reste spécifiquement analytique dans ces interventions, quelle que soit la demande qui les suscite, ou la situation à laquelle elles tentent de répondre, c’est que pratiquées par des analystes, elles restent inspirées, en profondeur, par une conception économique des processus psychiques et de leur changement dynamique.
  • Une extension fondamentale, tant psychanalytique que psychothérapique de la pratique des analystes a trait au champ de l’enfance et de l’adolescence.

La recherche psychanalytique a conduit à la découverte de nouveaux champs d’expérience. Pour chacun d’entre eux, ceux qui l’explorent ont été amenés à définir un objet, une méthode d’investigation, une stratégie d’action.

  • Ainsi s’est développé — à partir des premières descriptions de Freud (Psychologie collective et Analyse du Moi), et des tentatives pour soigner les névroses de guerre — un abord psychanalytique des groupes tout à fait spécifique. Cet abord a débouché sur des interventions diverses (groupes artificiels, naturels) dont l’efficacité dynamique est avérée. Dans le champ proprement thérapeutique, cet abord a conduit à la psychanalyse de groupe (centrée sur la dynamique d’un groupe de patients), à la psychothérapie familiale psychanalytique (différente de l’abord systémique), et aussi à l’élaboration de la psychothérapie institutionnelle (dans les institutions soignantes de la santé mentale).
  • La Psychothérapie Psychanalytique Corporelle (PPC) permet à des patients pour lesquels le cadre classique est inopérant (défaut d’organisation , souffrance narcissique identitaire …) de bénéficier d’un travail psychanalytique autrement. Elle utilise le divan et la médiation corporelle pour le patient allongé sur le divan sous le regard de l’analyste placé devant lui, offrant ainsi une butée au processus de régression . L’analyste accompagne le patient, sans lui prêter de contenus de pensée, dans la traduction et la transformation des traces de la mémoire du corps pour redonner du jeu au psychisme
  • Une autre extension de la pratique analytique a été mise au point. Il s’agit du psychodrame analytique, individuel ou collectif, s’adressant à l’adulte, l’adolescent, l’enfant.
    Dans le cas d’un psychodrame individuel, à partir d’un thème proposé par le patient, un groupe de cothérapeutes joue avec lui les scènes évoquées. Le déploiement des « scènes » proposées par le patient, se substitue, jusqu’à un certain point, aux associations libres d’une psychanalyse, le jeu des cothérapeutes facilitant l’abord de la réalité psychique inconsciente. Le psychanalyste qui dirige ne joue pas, mais facilite l’instauration du processus et son élaboration interprétative.
    Ces traitements ont leurs indications, qui ne recoupent pas celles de la cure, dont ils ne prétendent pas réaliser la transposition. Ils appartiennent au champ de la psychanalyse dans la mesure où ils y trouvent leurs références théoriques, et où ceux qui les pratiquent ont une formation analytique, préalable à la formation spécifique qu’ils requièrent.

Vous pouvez également vous référer à notre rubrique recensant en détail les principales extensions de la psychanalyse.