Nous avons eu la tristesse d’apprendre le décès ce 1° octobre 2025, à l’âge de 100 ans, de Judith Dupont, née le 22 septembre 1925 à Budapest. Médecin, psychanalyste, éditrice et traductrice, elle a fait connaître en France les œuvres de Sandor Ferenczi, et a co-fondé et soutenu tout au long de sa parution la revue Le Coq-Héron.
Héritière des premiers psychanalystes hongrois, par sa grand-mère maternelle, élève et collaboratrice de Sandor Ferenczi, et sa tante maternelle, psychanalyste et épouse de Michael Balint, elle arrive en France en 1938 après l’annexion de l’Autriche, déterminée à devenir psychanalyste. Elle fait d’abord des études de médecine, est stagiaire dans le service du professeur Georges Heuyer et à la Fondation Vallée. Elle se marie en 1952 avec Jacques Dupont, médecin et imprimeur, dont elle a deux enfants. Elle travaille dans plusieurs institutions, notamment au centre Étienne Marcel.
Elle se forme à la psychanalyse avec Daniel Lagache, fait des supervisions avec Juliette Favez-Boutonnier et Françoise Dolto. Elle est supervisée ensuite par Georges Favez et suit les séminaires de l’Association Psychanalytique de France, dont elle devient membre, et dont elle était encore membre honoraire jusqu’à son décès. Grâce à elle, l’APF fut pendant cinquante ans installée place Dauphine, occupant la moitié de son propre appartement.
Judith Dupont fait partie de l’équipe fondatrice du Coq-Héron. À l’origine bulletin interne au centre Étienne Marcel, imprimé par Jacques Dupont, la revue prend rapidement de l’importance et publie des traductions des textes psychanalytiques inédits en France, et en particulier des textes de Sándor Ferenczi, puis de Michael et Alice Balint, ainsi que de nombreux auteurs français.
D’abord en collaboration avec Michael Balint, puis avec l’équipe du Coq-Héron, elle édite l’ensemble des œuvres de Ferenczi en français en 4 volumes, son Journal clinique et sa Correspondance.
Elle a aussi publié en 1980 sous le pseudonyme de Jeanne Van Den Brouck Le manuel à l’usage des enfants qui ont des parents difficiles qui eut un retentissement dépassant les cercles analytiques.
Encore tout récemment d’une grande vivacité de pensée, elle fut une psychanalyste d’esprit libre et indépendant, active tant au sein de sa Société qu’en lien avec des collègues d’autres sociétés et étrangers.
Nous adressons nos très sincères condoléances à sa famille et à ses collègues de l’APF.