L’arrivée de Marilia Aisenstein-Averoff au sein de la Société Psychanalytique Hellénique (SPH) a immédiatement introduit un souffle nouveau. Déjà connue des psychanalystes grecs participant aux congrès francophones et internationaux, elle était toujours invitée au Congrès de Delphes, et nous étions impressionnés par sa finesse intellectuelle, son humanité clinique et son élégance naturelle.
En 2004, elle devient membre titulaire de la Société grecque. Depuis cette date, sa présence n’a jamais cessé de marquer notre communauté. Partageant son temps entre plusieurs sociétés psychanalytiques – française, grecque, britannique et autres – et des engagements internationaux au sein de l’IPA, Marilia incarnait une psychanalyste profondément européenne, à la croisée des cultures, des influences, des langues, des sensibilités. Sa présence a permis à de nombreux jeunes candidats et analystes de découvrir une psychanalyse française exigeante et vivante. Elle a également accompagné plusieurs analystes dans un second parcours analytique, leur offrant un espace enrichi par sa double appartenance culturelle.
Un pied dans la Société hellénique, l’autre dans d’autres institutions, Marilia cultivait une forme de distance féconde qui lui conférait une liberté rare et précieuse. Ouverte par principe et par tempérament, elle recevait pendant de nombreuses années dans son appartement de la rue Xénias, à Athènes, où analysants, supervisés et collègues trouvaient un espace d’échanges accueillant et stimulant. Ce souffle nouveau, cette fraîcheur ont rayonné bien au-delà de notre société psychanalytique aussi bien à Athènes qu’à Salonique, en passant par les Rencontres internationales d’Hydra, ou dans d’autres associations d’obédience psychanalytique, ou encore dans des revues.
Marilia a publié plus de 170 articles – un corpus impressionnant, une œuvre dense et vivante, exprimant avec clarté les idées les plus complexes. Son authenticité, son charme, son engagement ont marqué toute une génération d’analystes grecs. Nous en sommes profondément reconnaissants et nous manqueront, dans nos rencontres, ses interventions, parfois très brèves, sans détour, touchant par leur profondeur, leur courage, leur érudition, leur lucidité, leur générosité, leur humanité, leur humour…
Sa disparition marque la fin d’une période historique pour notre communauté analytique.
Elle était une voix réfléchie ; sa perte nous laisse le sentiment que quelque chose d’unique et de précieux s’éteint avec elle.
Nous relirons son œuvre. Ses nombreux textes sont autant de balises pour l’avenir. Nous la retrouverons aussi dans nos souvenirs, dans les échanges que nous avons eus avec elle, dans les gestes professionnels qu’elle nous a inspirés.
Adieu, chère Marilia.