Société Psychanalytique de Paris

Marie Bonaparte et la création de la SPP

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Mais l’histoire bouge. En avril 1925, René Laforgue a passé une soirée avec Otto Rank chez une certaine princesse Georges de Grèce et lui a fortement conseillé de suivre une analyse chez Freud, ce qu’elle va entreprendre à l’automne. Lors du Congrès international de Psychanalyse, au mois de septembre suivant, où il établit des contacts en vue d’être élu membre de la Société psychanalytique de Vienne, il rencontre un collègue d’origine polonaise qui souhaite, après des études de médecine à Zurich, s’installer à Paris. Il se nomme Rudolf M. Loewenstein (1898-1976), parle couramment le français et a été analysé à Berlin par Hanns Sachs et non par Freud comme le propagera en France une légende qui inscrit ainsi faussement dans la plus prestigieuse filiation analytique ses futurs analysés : Lacan, Lagache, Nacht, sans parler d’Adrien Borel, d’Henry Codet, de Georges Parcheminey, de Michel Cénac, de John Leuba ou de Pierre Mâle…

Dès son arrivée à Paris – favorisée par la princesse avec qui il sera très lié -, il entreprend en effet les analyses didactiques des futurs fondateurs de la Société psychanalytique de Paris. Comme il en témoignera un jour : “Il faut se rendre compte que la tâche parmi les membres de ce petit groupe très étroit était une chose extrêmement difficile. A l’ambivalence vis-à-vis de l’analyse s’attachait la xénophobie, l’antisémitisme, ainsi que parfois un chauvinisme prononcé chez certains. Quand on s’est mis à se méfier de moi un peu moins, un ami me dit qu’on m’avait appelé, au début, ” l’oeil de Moscou “.” “Moscou”, un peu inquiet de l’esprit frondeur des Français, se rassure toutefois en constatant les progrès de l’analyse de la princesse qui “deviendra à coup sûr une collaboratrice zélée”.

Marie Bonaparte (1882-1962) revient à Paris en mars 1926, auréolée pour toujours de se trouver la seule à jamais à avoir été analysée par Freud (Raymond de Saussure, s’il participe de près à cette époque aux travaux du groupe, demeure essentiellement genevois; quant à Sacha Nacht, son passage en 1936 sur le divan de Freud, entre l’analyse avec Loewenstein et “une tranche” avec Heinz Hartmann, semble s’être borné à un constat d’incompatibilité d’humeur). La princesse a surtout tissé avec lui des liens d’estime, puis de chaude amitié dont les grands moments seront l’acquisition de sa correspondance avec Wilhelm Fliess et surtout l’obtention, en 1938, grâce à l’aide de l’ambassadeur américain W.C. Bullit, de son visa de sortie hors d’une Autriche envahie par les nazis.

C’est quelqu’un sur qui l’on peut compter, Freud l’a vite compris, outre le fait que son rang, ses relations et sa fortune procurent à la “Cause” une aide précieuse. Son enthousiasme pour l’analyse et son attachement à la personne de Freud changent singulièrement celui-ci des dédains et des chipotages des spécialistes du “génie latin”. Elle va se faire la propagatrice de ses écrits en en multipliant les traductions, après Blanche Reverchon-Jouve et Simon Jankélévitch surtout, qui depuis 192l a traduit pour les éditions suisses Payot quelques-uns de ses ouvrages importants.

Il y a sans doute quelque injustice à privilégier dans son oeuvre personnelle ce modeste rôle de traductrice, mais le regard de l’histoire, avec le recul du temps, est parfois cruel : si l’on évoque encore ses livres sur E. Allan Poe (1933) ou ce Topsy (1936) que Freud voulut lui-même traduire en allemand, on ne se réfère plus guère à ses travaux, pourtant fournis. N’en est-il pas d’ailleurs de même pour la masse considérable de livres et d’articles publiés par les psychanalystes français entre 1925 et 1940 ? Alors que Freud élabore les contributions essentielles qui caractérisent la dernière période de sa vie, René Laforgue, Angelo Hesnard, Edouard Pichon et René Allendy, pourtant d’une productivité scripturale considérable, ne vont guère laisser de traces. Peut-être ne s’agit-il là que d’un “purgatoire” lié aux effets de mode. Peut-être aussi y a-t-il trop de moralisme et de concessions au goût de l’époque, trop d'”application” et pas assez d’inventivité dans ces concepts français que l’oubli engloutira : la scotomisation, l’oblativité, la schizonoïa, etc.

Quant à Marie Bonaparte, le fait qu’elle ne soit pas médecin et n’ait pas la possibilité de publier des “cas cliniques” l’incite à ce travail de traduction. Sa “laïcité” aura bientôt d’autres répercussions tout aussi importantes. A Vienne, elle a suivi le procès fait à Theodor Reik pour exercice illégal de la médecine et lu ce que Freud a écrit en faveur de l’analyse par les non-médecins. Elle a besoin d’une caution professionnelle pour pouvoir exercer la psychanalyse sans danger et sait que le groupe de l’Evolution psychiatrique lui restera fermé, l’exemple d’Eugénie Sokolnicka ayant clairement montré l’hostilité foncière du milieu médical français.

Comment faire pour qu’elle puisse se trouver “à égalité”, elle qui est devenue la représentante officieuse de Freud, son “héraut”, avec ses collègues médecins ? Qu’agencer, pense sans doute Freud de son côté, pour que ces psychiatres trop peu psychanalystes se trouvent solidement encadrés sur le plan doctrinal, soumis aux us et coutumes de la communauté psychanalytique internationale ?

“Le 4 novembre 1926, S.A.R. Madame la princesse Georges de Grèce, née Marie Bonaparte, Mme Eugénie Sokolnicka, le Pr Hesnard, les Dr R. Allendy, A. Borel, R. Laforgue, R. Loewenstein, G. Parcheminey et Edouard Pichon ont fondé la Société psychanalytique de Paris.” Le but en est de grouper “tous les médecins de langue française en état de pratiquer la méthode thérapeutique freudienne”, ce qu’avait amorcé la création en août 1926 de la “Conférence des Psychanalystes de Langue française”, origine des Congrès de Psychanalystes de Langues romanes puis de Langue française qui se sont annuellement succédé jusqu’à aujourd’hui.

La nouvelle société a d’autres ambitions : assurer “la psychanalyse didactique indispensable”, d’où son affiliation à la “Société internationale de Psychanalyse”, et surtout créer sa propre revue, cette Revue française de psychanalyse dont la naissance va donner lieu à des tractations fort significatives.

Va-t-on l’intituler de “psycho-analyse”, comme dans les autres revues du monde ou de “psychanalyse” ? Mireille Cifali en révèle l’enjeu : pour Vienne, “le terme psychanalyse est un indice de “jungisme””. C’est pourtant celui qui sera retenu. Peut-on inscrire en couverture “sous le patronage du Pr Freud” ? Laforgue reconnaît que le groupe s’y est opposé, sous le prétexte qu’il faudrait y adjoindre le Pr Claude, ce qui surprend Freud car, écrit-il ironiquement, “il ne peut certes pas se faire d’illusions sur sa faible participation à la psychanalyse”. Va pour la psychanalyse sans Freud, admet-il toutefois, mais à condition que l’essentiel soit sauvegardé, c’est-à-dire que l’on déclare la revue “organe d’une société” elle-même “membre ou groupe de l’Association internationale de Psychanalyse”.

En lieu et place du nom de Freud, et à sa demande formelle, l’I.P.A. vient donc tenir un rôle tutélaire dans le grouillement institutionnel français. C’est la première fois mais ce ne sera pas la dernière, remarque qui ne tend pas à légitimer le futur mais à rappeler un passé souvent oublié. Finalement, les Français opteront pour : “Revue française de psychanalyse, organe de la SPP, section de la Société Internationale de Psychanalyse (en fait cette déclaration d’allégeance ne figurera qu’à partir du deuxième numéro), publié sous le patronage du Pr Freud.” Le premier numéro paraît enfin le 25 juin 1927.

Toutes ces tensions étaient prévisibles dès la fondation de la Société : médecins-psychiatres et non-médecins, princesse bonapartiste et monarchiste maurrassien, nationalistes et émigrés, aliénistes catholiques et didacticiens juifs, professeur des Hôpitaux de Paris et Suisses romands de passage, freudiens convaincus ou amateurs plutôt portés, tel René Allendy, vers l’astrologie et l’homéopathie, quatorze membres titulaires et cinq membres adhérents se rencontrent en 1928 et vivent un peu les uns sur les autres, ambivalents par rapport à l’autorité de Vienne, sans un grand souffle créateur pour les mobiliser vraiment.

Du temps passe en querelles de vocabulaire, car une “commission linguistique” a été créée dès août 1926 afin de traduire la terminologie freudienne si déplaisante aux oreilles françaises. Pour rendre das Es, Hesnard a proposé “le soi”, Codet “le cela”, Laforgue “le ça”, Odier “le prothymos”, Pichon “l’infra-moi”. En revanche, Hesnard obtient l’unanimité avec “pulsion” au lieu d'”instinct” pour Trieb, ce qui provoquera encore en 1967 une discussion dans les colonnes du Monde entre Marthe Robert qui déplore ce choix et les auteurs du Vocabulaire de la psychanalyse qui l’approuvent.

Si René Laforgue songe à fonder un “Institut Freud”, il n’a pas assez de flamme pour mener à bien ce projet. Peut-être souffre-t-il du lien privilégié qui s’est instauré entre Freud et son analysée princière ? Est-ce pour cette raison qu’il prend quelques libertés avec la technique ? Il recommande en tout cas une “attitude humaine” et une “appréhension intuitive” qui ne sont guère appréciées à Vienne. Rigueur technique, laïcité et problèmes d’appartenance à l’I.P.A., les thèmes des conflits entre psychanalystes français se révèlent bien précoces et bien monotones puisqu’en 1929, déjà, une “minorité active” où l’on croit deviner Pichon, Codet, Borel et sans doute Hesnard – ces trois derniers, curieusement, finiront tous par démissionner un jour de la SPP – ,se proclame “contre l’I.P.A. et contre l’analyse profane”, au dire de Laforgue. La princesse sera mandatée par Freud pour régler cette tentative de révolte qui vise d’ailleurs à prendre en main la direction de la Revue et survient trois mois après la décision d’engager des contacts avec les instituts de psychanalyse fonctionnant à l’étranger afin d’organiser à leur modèle un enseignement digne de ce nom. C’est d’ailleurs dans ce contexte troublé, en octobre 1929, que Sacha Nacht est élu membre titulaire de la Société.

Deux ans plus tard, en octobre 1931, lors de la VIe Conférence des Psychanalystes de Langue française, les points de vue s’affrontent. D’un côté, René Allendy suivi d’Hesnard qui proclame : “La psychanalyse, du moins en France, sera subordonnée à la clinique générale, neurologique et psychiatrique, ou ne sera pas.” De l’autre, Marie Bonaparte, accompagnée de Loewenstein et Odier, qui réplique : “La psychanalyse a deux faces : d’une part un côté clinique […] d’autre part un côté psychologique, l’immense acquêt qu’est la psychologie de l’inconscient.” (En 1937, le succès du livre de Roland Dalbiez, La méthode psychanalytique et la doctrine freudienne, accentuera cette dichotomie.)

Dans la salle, deux jeunes congressistes, Henri Ey et Jacques Lacan, assistent au duel, en compagnie de personnalités extra-médicales, comme Jean Rostand, proche de René Laforgue. Le Paris des lettres continue, il est vrai, de s’intéresser à la psychanalyse. Georges Bataille a tâté du divan d’Adrien Borel en 1926-1927, Pierre Jean Jouve publie Vagadu en 1931 (il en envoie d’ailleurs un exemplaire à Freud) et Raymond Queneau ne va pas tarder à entreprendre la cure versifiée dans Chêne et Chien. En avril 1932, Anaïs Nin note dans son légendaire Journal sa première rencontre avec René Allendy : “Il est lourd et sa barbe lui donne un air de patriarche […] on se serait plutôt attendu à ce qu’il fasse des horoscopes, ou prépare une formule alchimique, ou lise dans une boule de cristal, car il ressemblait à un magicien plutôt qu’à un médecin.” Il l’était davantage par ses intérêts profonds, en effet, et il ne faudra que quelques mois à Anaïs Nin pour séduire et réduire à sa merci un analyste apparemment coutumier du fait, suggère-t-elle.

Que pense Freud de ces remous parisiens ? La publication de sa correspondance encore inédite avec la princesse permettra sans doute d’en juger, mais on sait qu’Edouard Pichon fut stupéfié par la proclamation de sa lettre de mars 1932 aux présidents des diverses associations psychanalytiques : “L’analyste ne devra pas vouloir être anglais, français, américain ou allemand, avant d’être adepte de l’Analyse; il lui faudra placer les intérêts communs de celle-ci au-dessus des intérêts nationaux.”

Freud a par ailleurs d’autres soucis : la mort de Sándor Ferenczi, en mai 1933, mais la nomination surtout d’Adolf Hitler comme chancelier d’Allemagne, le 30 janvier. Ses livres sont brûlés à Berlin, “dans la meilleure des compagnies”, ironise-t-il, citant Heine, Schnitzler et Wassermann parmi les écrivains juifs voués comme lui au bûcher. En octobre, il confiera à Arnold Zweig, mettant à part sa “très chère et très intéressante princesse” : “Je n’ai pas d’amis à Paris, seulement des élèves.”

Ceux-ci continuent de s’agiter autour de la création tant attendue d’un Institut de Psychanalyse qui voit le jour le 10 janvier 1934, “grâce à la magnificence de Son Altesse Royale la Princesse Marie de Grèce, née Marie Bonaparte”, pour reprendre les termes du discours d’Edouard Pichon. Saluée comme “animatrice et mécène”, elle se voit nommée directrice de cet Institut dont les locaux situés 137, boulevard Saint-Germain comportent bibliothèque et salle de réunions pour offrir aux étudiants des cours dont la répartition a été soigneusement dosée entre les divers membres de la Société. Deux ans plus tard, en avril 1936, une Policlinique fonctionnant “sous les auspices de l’Institut” sera fondée par John Leuba et Michel Cénac.

Signe qui deviendra significatif des tensions, il n’y a pas d’élection de membres titulaires dans la Société entre 1932 et 1935. Candidat au titre de membre adhérent, Jacques Lacan a été élu en octobre 1934 mais devra attendre décembre 1938 pour être titularisé, coiffé entre-temps par la promotion éclair de Daniel Lagache, adhérent en 1936, titulaire en juillet 1937.

Et pourtant, Jacques-Marie Emile Lacan (1901-1981) impose rapidement sa personnalité peu conformiste qui intrigue, séduit et inquiète ses collègues d’alors. Issu d’une famille bourgeoise catholique (il a un frère et une soeur dans les ordres), il a fait ses humanités au collège religieux Stanislas. Son goût pour la littérature et pour l’art infléchit bientôt ses études de médecine vers la psychiatrie. Nommé interne des Asiles en 1927, il va s’attacher à l’enseignement de Gaëtan Gatian de Clérambault, l’original psychiatre amateur d’étoffes dont les présentations de malades attirent tant de monde sous les voûtes crasseuses de l’infirmerie du Dépôt. Chef de clinique en 1932, il consacre cette année-là sa thèse de doctorat à “La psychose paranoïaque dans ses rapports avec la personnalité”, montrant ainsi son intérêt pour la psychose, son attention pour le langage des malades mentaux et sa curiosité pour les affaires criminelles qui secouent l’actualité : le cas “Aimée” de sa thèse, les soeurs Papin, etc. Déroutant, charmeur, provocant, il compte de nombreux amis dans le mouvement surréaliste et écrit quelques articles dans la revue Le Minotaure. Moins “médecin” que Sacha Nacht, absolument pas “universitaire” comme Daniel Lagache, il paraît surtout se ranger parmi ces marginaux de l’époque que sont “les aliénistes”, même s’il ne poursuit pas la carrière que peut lui valoir ce titre de “médecin des Asiles” qu’il obtient en 1934, un an après Nacht et un an avant Lagache. Comme ses deux collègues, il s’est intéressé très tôt aux théories freudiennes et a entrepris une analyse didactique avec Rudolf Loewenstein. Mais, plus qu’eux, il est inventif et n’entend pas se laisser enfermer dans les querelles françaises sur les “deux psychanalyses”. Bientôt, assistant avec Raymond Queneau, Raymond Aron et bien d’autres au séminaire qu’Alexandre Kojève consacre, à l’Ecole pratique des Hautes Etudes, à l'”Introduction à la lecture de Hegel”, il se différenciera nettement des analystes, ses contemporains, en affichant ses goûts pour la spéculation philosophique.

En mai 1936, au lendemain de la victoire du Front populaire, c’est moins les cérémonies qui ont lieu à la Sorbonne en l’honneur des quatre-vingts ans de Freud qui le sollicitent que le proche XIVè Congrès international de Psychanalyse qui doit se dérouler en août à Marienbad. Il y présente en effet une conférence sur “Le stade du miroir” dont les thèses originales, développées en 1949 dans “Le stade du miroir comme formateur de la fonction du ” je “”, démontrent l’audace du jeune membre adhérent de la SPP face aux anciens de la communauté internationale. Pour la première fois un psychanalyste français renonce à paraphraser Freud et s’attache à innover, non plus dans le domaine de la seule clinique ou de l’explication du génie par la névrose, mais, à la suite des recherches d’Henri Wallon, au niveau de la théorie des stades du développement psychique, et cela du vivant d’un Freud dont nous ignorons encore s’il l’apprit et ce qu’il put en penser. Sa participation en 1938 à l’Encyclopédie française, dirigée par Henri Wallon, sous la forme d’un long article consacré à “La famille”, lui vaudra en janvier 1939 une admonestation ironico-indulgente de son maître et ami Edouard Pichon. C’est également un signe public de reconnaissance dont on cite souvent les premières phrases : “Voilà M. Jacques-Marie Lacan élu membre titulaire de la Société psychanalytique de Paris; certes, il devient ainsi quelque chose; mais, heureusement pour lui, il n’avait pas attendu nos suffrages pour être quelqu’un.” Evidemment, l’opiniâtre maurrassien, alors à quelques mois de sa mort à l’âge de cinquante ans, déplore le style de l’écrit car “lire M. Lacan, pour un Français, c’est comme on dit familièrement, du sport !>> Le “petit vernis germanique dont il s’enduit à plaisir”, les bizarreries du vocabulaire, le recours au mot impropre, autant de motifs de reproches, bien tempérés par une complicité amusée. “La pensée de M. Lacan marche dans une colonne de nuées sombres, mais gravides, dont par déchirement naît et jaillit çà et là une étincelle de lumière.”

Edouard Pichon a de la tendresse pour ce jeune et brillant collègue, si proche de lui par ses origines, son insolence, sa culture et sa préciosité. Jacques Lacan ne s’y trompera pas et, seize ans plus tard, à Rome, rendra hommage “au regretté Edouard Pichon, qui, tant dans les indications qu’il donna de la venue au jour de notre discipline que pour celles qui le guidèrent dans les ténèbres des personnes, montra une divination que nous ne pouvons rapporter qu’à son exercice de la sémantique”.

De fait, pour qui lit son article entre les lignes, nul doute qu’entre Lacan, Lagache, Marie Bonaparte et Nacht, sans parler de Freud, Pichon ait fait très tôt son choix de coeur et d’esprit, tout comme il s’est senti vivement intéressé par la jeune analyste Françoise Marette (future Dolto) qu’il fait travailler dans son service et qui ne l’oubliera pas, elle non plus.

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